Les volontaires en Ukraine : Narodnyï Tyl

En Ukraine, en ces temps de guerre et devant l’inaction et le manque de moyens des services publics, des réseaux de volontaires se sont constitués afin d’accomplir des tâches telles que le ravitaillement de l’armée, l’accueil des personnes déplacées en provenance du Donbass ou de Crimée, les soins aux blessés, voire ils vont combattre aux côtés de l’armée ukrainienne. Voici le premier d’une série d’articles destinés à montrer le travail de cette société civile.

Narodnyï Tyl est née pendant l’arrivée des « petits hommes verts » en Crimée. Il s’agissait alors de soutenir, moralement et financièrement, les soldats ukrainiens bloqués en Crimée. L’organisation a peu à peu pris de l’importance, et plus encore lorsque le conflit a éclaté dans le Donbass. Il s’agit aujourd’hui de l’une des plus importantes organisations de volontaires de la capitale ; elle comprend entre 20 et 25 permanents.

Dans leurs locaux en plein cœur de Kyiv, un entrepôt garni de biens destinés aux combattants, George Tuka, fondateur de la structure, explique qu’ils veulent aider tout le monde : soldats de l’armée régulière, volontaires des bataillons, partisans, et tous ceux qui combattent du côté ukrainien. Ceux qui souhaitent recevoir de l’aide les contactent par téléphone, par email ou par les réseaux sociaux. Narodnyï Tyl se charge alors d’organiser le convoi, parfois en collaboration avec d’autres organisations, et coordonne les efforts. Cela n’est pas sans danger car les volontaires qui effectuent les livraisons sont parfois pris pour cible, ou fait prisonniers.

Dans ces bureaux, on peut trouver certains volontaires affairés à préparer du matériel médical, des médicaments et des  trousses de premiers secours contenant le fameux « Celox » (un puissant produit hémostatique). Selon Julia Goncharova, responsable de l’unité médicale de Narodnyï Tyl, ce sont des milliers de trousses de premiers secours et des tonnes de médicaments qui ont été envoyées au front. Le type et la quantité de matériel envoyé prennent en compte les besoins, les compétences des destinataires quant à leur utilisation, mais aussi le niveau de disponibilité des produits, cependant ils prévoient toujours un peu plus pour couvrir aussi les postes de contrôle sur le trajet.

La logistique prend aussi en compte l’acheminement de biens personnels aux soldats, de courrier, d’icônes religieuses, et même de dessins d’enfants, considérés par certains soldats comme des porte-bonheurs. Et George Tuka de raconter l’histoire d’un soldat dont le casque a volé en éclats, et dans lequel il avait mis un de ces dessins : l’homme, indemne, est venu à Kyiv rencontrer l’enfant qui lui avait fait ce dessin.