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La place el-Nour, « de la lumière » en arabe, est le nom populaire de ce grand rond-point au centre de la ville avec le nom d’Allah érigé en un gigantesque piédestal lumineux, souvenir de l’éphémère califat islamique fondé en 1986 pendant la guerre civile libanaise. C’est aussi l’endroit où se réunissent les Tripolitains tous les jours depuis le 17 octobre dans le cadre du grand soulèvement populaire en cours au Liban.
Tripoli, au nord du Liban, deuxième ville du pays par sa population dont plus de la moitié sans emploi et un quart en situation d’extrême-pauvreté, est surnommée la « mère des pauvres ». Elle a gagné ces derniers jours un nouveau surnom, celui de « fiancée de la révolution ». Depuis le premier week-end de manifestations, les rassemblements y sont devenus de gigantesques fêtes en plein air. Un DJ est venu un temps installer son matériel sur l’un des balcons autour de la place.
Ici, comme dans le reste du Liban, les manifestants sortent massivement avec le drapeau libanais, symbole d’unité nationale. Les révolutionnaires refusent toute division communautaire. Tripoli est très majoritairement sunnite et était considérée jusqu’à présent comme l’une des places fortes du premier ministre Saad Hariri et de son parti, le Courant du Futur. Celui-ci est critiqué et rejeté comme l’ensemble de la classe politique au pouvoir, toutes confessions confondues, comme l’exprime le slogan « كلن يعني كلن » ( « Tous signifie tous » ).